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Formation sur l’ADN environnemental : Quand science et savoirs autochtones se rencontrent

29 mai 2025

L’ADN environnemental : une technologie innovante pour l’étude des milieux naturels en contexte autochtone

Du 27 au 29 mai 2025, une formation unique en son genre a réuni 16 participants de 12 communautés et organismes autochtones sur le territoire de la Première Nation Abitibiwinni. L’objectif? Maîtriser l’ADN environnemental (ADNe), une technologie innovante qui révolutionne la façon de surveiller la faune.

Coorganisée avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et la Première Nation Abitibiwinni, cette formation a permis de transmettre des techniques de pointe pour détecter des espèces animales dans un milieu sans même les avoir observées!

Un partenariat qui porte ses fruits

Depuis 2021, l’INRS et la Première Nation Abitibiwinni collaborent étroitement dans le cadre du projet iTrackDNA, sous la direction de la professeure Valérie Langlois. Leur objectif : explorer l’utilisation de l’ADNe pour le suivi d’espèces d’importance pour la Première Nation Abitibiwinni.

La formation, animée par Annie-Claude Bélisle de l’INRS et l’équipe du bureau Territoire et Environnement du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni, a présenté le fruit de leurs travaux en permettant à d’autres Premières Nations d’apprendre les méthodes perfectionnées. Ces méthodes sont fiables, faciles à utiliser, réalisables avec du matériel disponible en quincaillerie et déployables en milieu éloigné par des équipes de gardiens.

L’ADN environnemental : pourquoi cette technologie change la donne

L’ADNe offre des avantages considérables pour le suivi de la faune :

  • Respectueux de la vie – Échantillonnage non-destructif et non-invasif, sans manipulation des animaux
  • Accessible partout – Idéal pour les zones difficiles d’accès comme les rivières à fort débit
  • Efficace et économique – Coûts réduits en temps et en argent comparativement aux méthodes traditionnelles
  • Fiable et précis – Permet de détecter des espèces rares ou discrètes

Trois jours de formation

La formation s’est déroulée sur le territoire de la Première Nation Abitibiwinni, soit dans les environs du lac Chicobi et dans la communauté de Pikogan. Les participant.e.s ont appris à nommer le potentiel et les limites de l’ADNe, à élaborer un design expérimental, appliquer la méthode d’échantillonnage appropriée et analyser les données d’ADNe provenant du laboratoire.

Jour 1 : Poser les bases

La première journée a plongé les participants dans les fondements théoriques de l’ADNe. Au programme : élaboration de designs expérimentaux et planification d’échantillonnages pour différentes espèces cibles — esturgeon, tortues, carnivores terrestres et chauves-souris. La journée s’est conclue par une démonstration pratique de préparation du matériel et des protocoles sur la conservation des échantillons jusqu’au laboratoire.

Jour 2 : Un mariage entre science et culture

La deuxième journée a débuté par un moment privilégié : la journée Sagabon. Les participants ont pu observer la cuisson traditionnelle des outardes et des castors, un rappel magnifique que la surveillance de la faune s’inscrit dans une relation profonde avec le territoire.

Ensuite, direction le lac Chicobi pour le volet terrain tant attendu! Divisés en quatre équipes, les participants ont mis en pratique les différentes méthodes d’échantillonnage. Un travail d’envergure avait été réalisé en amont par l’équipe Territoire et Environnement d’Abitibiwinni pour déployer les dispositifs de récolte d’échantillons, créant ainsi de véritables situations terrain pour l’apprentissage.

De retour au camp de base, chaque équipe a préparé ses échantillons pour envoi au laboratoire, suivant rigoureusement les protocoles appris.

La journée s’est terminée sur une note particulièrement touchante : André Mowatt, aîné de la communauté, est venu partager l’histoire de la région. Un moment de connexion profonde apprécié de tous, qui a rappelé l’importance d’ancrer la science dans le territoire et ses récits.

Jour 3 : De la donnée à la décision

Pour clore la formation, place à l’analyse! À partir de résultats fictifs, les participants ont appris à interpréter les données de laboratoire. Chacune des quatre équipes a ensuite présenté ses résultats selon les espèces ciblées lors de l’échantillonnage de la veille.

Les participants sont repartis avec bien plus que des connaissances : des idées de projets concrets pour leurs communautés et un kit de matériel d’échantillonnage permettant de réaliser plusieurs analyses d’ADNe en laboratoire.

Une réussite collective

Cette formation n’aurait pas été possible sans l’engagement et la générosité de nombreuses personnes :

L’équipe organisatrice — Annie-Claude Bélisle (INRS et Première Nation Abitibiwinni), Marie-Pier Lemieux, Glenn Polson et Benoit Croteau de la Première Nation Abitibiwinni, pour leur travail minutieux d’organisation et de préparation terrain

Les cuisinières — Geneviève McDougall et Réjeanne Kistabish, qui ont nourri le groupe avec soin et attention

Les aînés — Edouard Kistabish et André Mowatt, pour leurs précieux partages et leur générosité

L’équipe iTrackDNA — Julie Couillard et toute l’équipe du laboratoire de la professeure Valérie Langlois à l’INRS

Un modèle de collaboration pour l’avenir

Cette formation illustre la force des partenariats entre institutions scientifiques et Premières Nations. En rendant accessible une technologie de pointe et en l’adaptant aux réalités territoriales, ce projet démontre qu’il est possible d’allier rigueur scientifique, autonomie des communautés et respect des savoirs traditionnels.

L’ADN environnemental s’inscrit désormais comme un outil prometteur pour les gardiens du territoire et les équipes environnementales des communautés autochtones, ouvrant la voie à une surveillance écologique à la fois moderne et respectueuse.